Montréal, QC, Place Bonaventure
Nous sommes en 2013 et je travaille pour une compagnie de services pour exposants. Nous nous déplaçons dans des hôtels, des arénas et autres palais des congrès pour installer des kiosques et monter des salons d’exposition.
Aujourd’hui, il s’agit du salon de la mariée, très gros évènement pour lequel des dizaines de compagnies ont été sollicitées. Les camions défilent sans arrêt aux docks pour y décharger leurs cargaisons, les ouvriers se répartissent à travers la salle immense et se mettent au travail.
Dans mon équipe, nous sommes trois.
Il y en a un qui est très efficace, presque trop. Il enchaine les tâches sans aucune interruption, il est tellement concentré qu’il bave sur ce qu’il fait et sue beaucoup plus que la normale. Mais ni moi ni mon collègue n’y prêtons attention. On y est habitué. En fait, c’est relativement courant ici de prendre du speed. Un des premiers symptômes est de réduire la capacité à ressentir la fatigue. Et comme le boss ne pose pas trop de questions, il y a là une possibilité de gagner plus d’argent en faisant de plus longs quarts de travail.
Mon autre coéquipier est moins efficace. Qui dit Salon de la Mariée dit beaucoup de femmes sur les lieux. Et lui, il épie, il chasse. Il est équipé d’un véritable radar, grand déployé, qui tournoie à volonté, combiné à des stratégies militaires hautement sophistiquées. Chaque passage est commenté avec poésie et métaphores toutes plus édifiantes les une que les autres.
Et puis, il y a moi.
Mais qu’est-ce que je fais là?
J’essaye à chaque commentaire de ne pas relever la tête. J’essaye de ne pas rire comme tout le monde du fait que l’autre est complètement buzzé. J’essaye de prendre mon travail au sérieux. J’essaye d’honorer Dieu malgré tout…
Qu’est-ce que je fais là?
Ce n’est pas ce qui était prévu après l’école biblique, je pensais plutôt à autre chose, servir Dieu dans la louange ou quelque chose comme ça…
Qu’est-ce que je fais là?
Heureusement, la pause arrive.
Je m’éclipse, je me cherche un coin tranquille pour prendre mon lunch et finalement, je me retrouve dehors, sur une sorte de terrasse qui a surement été belle un jour, dans les années 70. J’ai une vue partielle sur la ville avec le pont Champlain au loin. J’y trouve un peu de beauté.
Et je prie.
L’ombre et la peur peuvent m’entourer
Les éléments se déchainer
Le Dieu de victoire se bat pour moi
Pour me délivrer
Rien ne saura lui résister
Rien ne pourra le faire plier
Le Dieu de victoire a pris la croix
Et l’a terrassée

Ottawa, ON, E.Y. Centre
Aujourd’hui c’est le Salon du Golf, ou quelque chose comme ça. On est arrivé la veille, une bonne trentaine, dont la moitié a passé la nuit dans un bar de danseuses. C’est une norme quand on est en déplacement. Les anciens initient les plus jeunes, tout le monde semble s’amuser et tout le monde à des petits yeux au matin. Pour ma part, j’ai dû expliquer que ça ne m’intéressait pas.
Ils devraient pourtant commencer à me connaitre.
Alors on se met au travail, tout est automatique : visse-dévisse, monte-démonte, combat-relâche. Je passe la journée à lutter, à chanter dans ma tête ce début de chanson que j’ai commencé l’autre jour tout en essayant de trouver une suite. En même temps, je combats pour ne pas me laisser démonter par les questions qui reviennent constamment.
Qu’est-ce que je fais là?
Et les pensées s’acharnent sur moi. Comme un flot de vagues incessant, épuisant. Ma vie ne mène nulle part. Ça ne donne rien. Je ne suis même pas capable de témoigner. Je n’arrive même pas à finir cette compo…
Qu’est-ce que je fais là?
Finalement, alors que la journée touche à sa fin, Dieu vient doucement rappeler à ma mémoire un passage. Ce passage où Jésus dort dans la barque, malgré la tempête. Et la suite vient d’elle-même.
Les océans peuvent s’agiter
Leurs vagues sur ma vie se briser
Le Dieu de victoire élève sa voix
Pour tout apaiser
Soudain, le calme et la paix reviennent. Et même plus, la joie, la confiance, l’assurance que Dieu est là, avec moi. Cette image de Jésus endormi au milieu d’une mer déchainée, serein malgré la tempête vient à la fois m’apaiser et me fortifier. Tout ce temps-là, il était en contrôle et il l’est encore aujourd’hui.
Le Dieu de victoire est à mes côtés
Sa main me soutient au cœur du danger
Je vivrai pour lui, marchant par la foi
Le Dieu de victoire habite en moi
Très intéressant de voir comment ta vie de chrétien, comment le fait de porter ta croix te rempli d'inspiration pour écrire de la louange ! Merci pour ce partage !