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Le mémorial



L’an de grâce 1654 (…)


Feu


Dieu d'Abraham, Dieu d'Isaac, Dieu de Jacob,

non des philosophes et des savants. 

Certitude. Certitude, Sentiment, Joie, Paix. 

Dieu de Jésus-Christ,

« Ton Dieu sera mon Dieu. »

Oubli du monde et de tout, hormis Dieu. 

Il ne se trouve que par les voies enseignées dans l'Evangile. 

Grandeur de l'âme humaine

  « Père juste, le monde ne t'a point connu, mais je t'ai connu. »

Joie, Joie, Joie, pleurs de joie. 

Je m'en suis séparé.

Mon Dieu me quitterez-vous?

Que je n'en sois pas séparé éternellement !


« Cette est la vie éternelle, qu'ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. » 

Jésus-Christ.

Jésus-Christ.

Je m'en suis séparé ; je l'ai fui, renoncé, crucifié, 

que je n'en sois jamais séparé.

Il ne se conserve que par les voies enseignées dans l'Evangile. 

Renonciation totale et douce.

Soumission totale et douce. 

Soumission totale à Jésus-Christ et à mon directeur. 

Eternellement en joie pour un jour d'exercice sur la terre. 

Amen.



***




La nature de ce texte me fascine et m’inspire. Il s'agit du mémorial de Blaise Pascal dans lequel il relate l’expérience qu’il a vécue au moment de sa conversion et l’émerveillement que provoque sa rencontre avec Jésus. C’est un texte sans filtre, sans dentelle. Un texte authentique où l’émotion est palpable. Il n’y a pas de rimes, pas de structure. Il est brut.


J’imagine Pascal, frémissant, palpitant, jubilant, se hâtant de noter ce qu’il était en train de vivre à la lueur d’une chandelle, cherchant les mots convenables, s’il en est, pour décrire ce qui lui arrivait. Peu importe à quoi cela ressemblait, pourvu qu’en le relisant, la conviction lui revienne et l’adoration le transporte à nouveau.


Si la nature de ce mémorial me fascine et m’inspire, il n’en est pas moins de son histoire :


« Quelques jours après la mort de M.Pascal, un domestique sentit par hasard quelque chose d’épais dans sa veste. Ayant décousu cet endroit, il y trouva un petit parchemin plié écrit de la main de M. Pascal, et dans ce parchemin un papier écrit de la même main. L’un était une copie fidèle de l’autre. Ces deux pièces furent aussitôt remises à Madame Périer (sœur du défunt) qui les fit voir à plusieurs de ses amis. Tous convinrent qu’on ne pouvait douter que ce parchemin, écrit avec tant de soin et avec des caractères remarquables, ne fût un mémorial qu’il gardait très soigneusement pour conserver le souvenir d’une chose qu’il voulait toujours avoir présente à ses yeux et à son esprit, puisque depuis huit ans il prenait soin de le coudre et découdre à mesure qu’il changeait d’habit. »


- Extrait, Pensée #711 et notes, Pascal





Entre vous et Dieu


Encore aujourd’hui, des messes sont célébrées en souvenir de cette fameuse « Nuit du feu ». Avec le temps, ce texte est devenu un classique de la spiritualité chrétienne, alors qu’il était destiné à rester secret. Une perle que Pascal gardait précieusement. Un trésor intime entre lui et son Dieu. Je crois que le cheminement de ce texte pourrait être un modèle, peut-être à une échelle plus modeste, pour chacun de nos chants.


Écrivez pour vous. En premier lieu. Non pas pour vos objectifs ou pour avoir une compo de plus. Ni pour respecter vos délais. Écrivez pour vous, avant tout. La composition d’un chant de louange doit rester un acte de louange en soi, d’intimité avec Dieu, pas un travail. Dites-lui ce qui vous tient vraiment à cœur sans penser à ce que les gens veulent entendre. Écrivez d'abord avec une perspective verticale, dans le cadre d’un moment avec Dieu et non dans une perspective horizontale en pensant à ce dont les gens auraient besoin. Faites abstraction de ceux qui pourraient un jour entendre cette chanson. Ce travail sera pour plus tard.




Sans filtre


Le psalmiste ne faisait pas de tri dans ce qu’il allait dire à Dieu. Au point que parfois, le caractère de ses textes en devenait déprimant, colérique ou même effrayant. Mais ses psaumes étaient l’expression d’une louange authentique parce qu’ils élevaient Dieu en toute sincérité, avec tout ce que l’auteur vivait au moment de l’écriture.


Écrivez ces chants déprimants. Écrivez- les sans avoir toujours l’objectif de les faire connaitre au monde entier, vous verrez, c’est libérateur. Écrivez des chants qui ne sont pas nécessairement présentables en public. C’est un exercice qui demande une simplicité, un renoncement et un cœur d’adorateur.


Il est évident qu’en travaillant ainsi, vos chants ne seront pas tous chantés dans les églises le dimanche matin, mais cette approche alimentera votre inspiration et c’est de là que sortiront vos meilleurs chants. Je vous l’assure. (lisez l'article L'inspiration, les 5% changent tout)


Ayez un mémorial vous aussi, de temps à autre. Ayez des compos juste entre vous et Dieu. Même si cela pourrait signifier de ne jamais les faire entendre. Elles n’en seront que plus belles.

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