- Lorsque tu écris un chant, tu commences par la musique ou par les paroles?
- Euh…ben…ça dépend…
- …Okay…ça dépend de quoi?
- Euh… Je sais pas trop…
- …Okay… Merci!
Aujourd’hui, je m’excuse auprès de ceux à qui j’ai pu donner ce genre de réponse vague et je vais tenter de démêler le tout pour vous fournir quelques pistes plus utiles.
J’ai constaté que parmi mes meilleures chansons figurent celles où la mélodie et les paroles sont venues en même temps. Je ne dis pas que j’ai pondu toute la chanson de A à Z d’un seul coup, mais l’étincelle est venue en un seul bloc. C’est plus rare, en effet, mais ça arrive. Et ça a toujours été issu d’un temps de prière intense ou d’un moment de louange spontané.
Par exemple, ça a été le cas pour ma chanson Nul autre nom. Je venais d’avoir une discussion avec un collègue de travail qui me partageait ses croyances et sa façon de prendre un peu de ce qui lui plaisait de chaque mouvement religieux ou philosophique. Je me suis alors mis à prier pour lui, mais aussi, en un certain sens, à prendre position pour moi-même face à ce que je venais d’entendre. Cette déclaration est sortie sous la forme d’un chant : « Nul autre nom que le nom de Jésus pour me sauver. Nul autre nom que le nom de Jésus pour tout changer ».
Ces chants sont spéciaux et précieux, mais ne peuvent être commandés. Si Dieu nous donne des chants comme ceux-ci qui viennent tout droit de son cœur, c’est parce que nous le cherchons Lui, que nous prions en accord avec sa volonté. Cependant, rechercher ces moments dans le seul but d’avoir un bon chant équivaudrait à se tromper d’objectif; nos temps de prière ne doivent pas devenir exclusivement des moments de composition. Ces derniers ne sont pas une fin en soi, mais plutôt le fruit d’une proximité avec Dieu.
Bref, de temps en temps, musique et paroles nous viennent d’un seul bloc, mais la plupart du temps, il faut commencer soit par l’un, soit par l’autre.
Mais surtout, il faut commencer.
Il faut s’y mettre, essayer.
Dans les deux cas, il faudra ouvrir la bouche, s’exprimer, sortir une idée, commencer à chanter, à dire quelque chose.
Je vous propose aujourd'hui quelques pistes qui vous aideront à démarrer et à mettre la machine en route.
***
1. Commencer par la musique
Avant toute chose, précisons qu’on parle ici de la mélodie du chant. Il n’est pas question d’accompagnement musical ou d’arrangement. Si vous avez des idées de thèmes musicaux, gardez-les de côté, mais concentrez-vous pour le moment sur votre mélodie à l’état pur.
C’est l’élément le plus important de votre composition.
C’est elle qui accrochera l’oreille de votre auditoire.
C’est elle qui, lors d’une première écoute, va susciter ou non une seconde écoute.
La créativité est comme un muscle. Il lui faut de l’exercice et de l’entrainement. Ouvrez votre bouche, chantez, essayez, inventez, et ce, le plus souvent possible. Peu importe la qualité de ces mélodies. Enregistrez-en le plus possible à tout moment.
La créativité est comme un muscle. Il lui faut de l’exercice et de l’entrainement. Ouvrez votre bouche, chantez, essayez, inventez, et ce, le plus souvent possible.
J’ai un magnétophone qui se trouve sur ma table de nuit et, idéalement, je l’apporte lors de mes déplacements. Dans celui-ci se trouvent des centaines de mélodies enregistrées hâtivement, parfois murmurées parce que ma femme dort ou travaille à côté et la plupart du temps rythmées de mots inventés à consonances anglophones (ne me faites pas croire que je suis le seul à faire ça!). Environ 99% de ces idées tombent dans l’oubli, mais le fait d’en enregistrer constamment me fait progresser et augmente mes chances d’avoir, à l’occasion, une bonne mélodie qui sort du lot et qui a du potentiel. Trouvez un outil, votre téléphone ou un enregistreur quelconque, pour stocker vos idées.
Voici quelques astuces qui vous aideront à trouver de nouvelles mélodies et à stimuler votre créativité :
Faites l’exercice d’inventer des mélodies sans votre instrument. Cela vous libèrera du cadre des accords auxquels vous êtes habitués.
Explorez de nouvelles tonalités et variez les modes (majeurs ou mineurs). En faisant cela, la nouvelle tonalité, jointe à votre registre vous forcera à composer quelque chose de différent dans lequel vous serez à l’aise vocalement.
Changez de façon intentionnelle le temps sur lequel votre mélodie commence. Si de façon naturelle vous avez tendance à démarrer sur le premier temps, essayez autre chose en faisant commencer votre mélodie par exemple un temps plus tôt ou plus tard.
Variez la note sur laquelle votre mélodie commence. En y prêtant attention, vous vous rendrez compte qu’on a tendance à faire toujours la même chose, à commencer approximativement de la même façon. Changer ces habitudes ne semblera pas naturel, mais ce sera bénéfique. Si vous réalisez que vos mélodies commencent toutes sur le 1er degré, essayez par exemple avec le 3e ou le 6e degré.
2. Commencer par les paroles
Dans L’inspiration, les 5% qui changent tout, je parlais d’être toujours prêt à saisir l’inspiration, d’être attentif à la moindre idée. Ayez le réflexe de noter ces idées afin qu’elles ne se perdent pas.
Pour ma part, j’ai une banque de thèmes ou d’idées de chanson, de petites phrases clés éparpillées un peu partout dans ma maison.
En fait… vraiment partout.
Sur des morceaux de papier, dans cette même table de nuit, au dos d’une facture qui traine dans les poches de mes pantalons, sur un post-it, sur des enveloppes de l’église destinées aux offrandes, sur des mouchoirs, bref… partout.
Le plus régulièrement possible, je fais le tri et j’essaye de rapatrier ces idées en lieu sûr. Parfois, je n’arrive pas à me relire et d’autres fois, je ne comprends pas où je voulais en venir, mais au même titre que pour la musique, plus on essaye, plus on a de chances d’avoir quelque chose de bon, d’original et d’intéressant. Notez toutes vos idées.
Voici maintenant quelques astuces pour mettre vos idées en parole de façon variée et originale :
Creusez toujours votre idée au maximum. Souvent, le fait d’être fidèle à l’inspiration d’origine donnera de lui-même une originalité à votre texte.
Portez attention à vos premiers mots. Par exemple, si vos phrases commencent toujours « je » ou « tu », essayez de nouvelles tournures de phrase.
Ne trichez pas sur le nombre de pieds. Par exemple, si votre vers doit avoir huit pieds, n’en ajoutez pas un neuvième parce que la phrase que vous voulez dire en contient neuf. Au contraire, laissez cette contrainte de huit pieds vous faire réfléchir à une autre façon de dire la même chose. Il en résultera certainement une phrase plus intéressante et moins « déjà vue ».
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Finalement, je ne pense pas qu’il faille absolument choisir entre musique et paroles en débutant une composition. Laissez au contraire une place à chacune des deux approches. Ensuite, une fois l’idée de base capturée, qu’il s’agisse d’une mélodie ou d’un texte, faites travailler les deux conjointement.
Commencez quelque part, mais ne passez pas trop de temps sur une mélodie ou un thème individuellement. Laissez votre musique vous émouvoir et vous souffler les bons mots; et vos idées vous inspirer une mélodie fraiche et nouvelle.
Votre chanson aura plus de sens dans son ensemble. On n’aura pas l’impression que votre texte sert seulement à remplir votre mélodie, ou inversement. Les deux formeront un tout cohérent qui transmettra votre message d’une façon beaucoup plus efficace que n’aurait pu le faire la musique ou le texte individuellement.
Peut-être trouverez-vous votre préférence entre débuter par le texte ou commencer par la musique, mais, pour ma part, après 15 ans à écrire, je n’ai toujours pas réussi à choisir.
Et d’ailleurs, je ne compte pas me décider de sitôt.
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